« On trouve des solutions et on s’adapte : c’est aussi ça l’entrepreneuriat !»

Quel a été votre parcours ?

De formation marketing, j’ai intégré une agence de design en packaging que j’ai quittée fin 2011 après 14 ans de collaboration, regrettant que l’éco-responsabilité ne prenne pas sa place dans la conception des emballages. J’ai alors entrepris un master en développement durable à Dauphine pour combler le décalage entre ce que je voulais faire et ma capacité à le faire.

A l’issue de ma formation, j’ai été embauchée par un ancien client, une PME du textile éco-responsable, en tant que directrice marketing. Un métier aligné avec ma quête de sens et mes valeurs. Mais en tant que cliente professionnelle, j’ai constaté que l’éco-responsabilité des emballages cadeaux n’avait toujours pas été intégrée par les fabricants. Après cinq années passées dans cette PME, ma volonté de créer des emballages réutilisables est donc revenue.

C’est ainsi qu’est née l’idée des Belles Musettes ?

J’ai décidé de me lancer en créant la marque les Belles Musettes à Boulogne-Billancourt. Je propose ainsi aux particuliers et aux entreprises des emballages cadeaux éco-responsables et non jetables. Car 20 000 tonnes d’emballages cadeaux sont jetés chaque année en France. Mon objectif est donc de lutter, à mon niveau, contre ce problème environnemental.

Si mes emballages cadeaux réutilisables sont en papier et ont donc une durée de vie limitée, ils peuvent néanmoins avoir plusieurs vies et amortissent ainsi leur empreinte carbone. En effet, ils s’ouvrent et se referment sans s’abîmer et peuvent se remettre à plat entre deux utilisations, sans compter qu’ils sont recyclables en fin de vie !

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

J’avais en tête ma grand-mère qui avait toujours ce réflexe de bon sens de garder les emballages cadeaux pour les réutiliser. Mais c’était une exception ! J’ai donc dû faire un gros travail de communication et de sensibilisation auprès des particuliers qui sont les utilisateurs finaux et des entreprises qui diffusent les emballages cadeaux. J’ai pris mon bâton de pèlerin pour convaincre et surtout, changer les habitudes de consommation. C’est un des challenges les plus difficiles : infléchir les comportements !

Ma stratégie a consisté à actionner le levier qui me semblait être le plus efficace pour convaincre : le plaisir ! Ainsi, plutôt que de dérouler un discours sur les bienfaits de la réutilisation pour la planète, j’ai choisi de créer de beaux emballages cadeaux pour donner aux gens l’envie de les conserver et de les réutiliser. En d’autres termes, j’ai créé des emballages à (re)garder©.

De quels dispositifs d’accompagnement avez-vous bénéficié ?

J’ai suivi plusieurs dispositifs d'accompagnement proposés par la CCI Hauts-de-Seine. Au tout début de mon projet, alors que j’étais encore en poste, j’ai participé au stage 5 Jours pour Entreprendre, qui a été un vrai déclic. Cette semaine m’a en effet permis de me confronter, au travers de cours et de témoignages, à la réalité de l’entrepreneuriat.

Cette formation est un premier filtre très puissant car tout le monde n’est pas fait pour entreprendre. Cela permet d’ouvrir les yeux sur tous les aspects et les risques inhérents à la création d'entreprise. C’est à l’issue de cette session que j’ai décidé de quitter mon emploi et de créer mon entreprise !

Dès le lancement des Belles Musettes, en juin 2019, j’ai intégré le programme Entrepreneur#Leader. J’ai donc été aidée pour bâtir mon projet, déterminer mes points faibles et mes points forts, rédiger mon business plan, et finalement, créer ma société. Et aujourd’hui, je suis accompagnée pour piloter mon entreprise et structurer ma démarche de développement d'activité. Cela fonctionne avec des rendez-vous réguliers et sur mesure avec un conseiller de la CCI. C’est comme un « confident » qui vous éclaire sur certains sujets, répond à vos demandes et décèle vos besoins.

La CCI m’a également ouvert son carnet d’adresses en m’aiguillant vers les bons interlocuteurs et en m’indiquant des organismes d’accompagnement spécialisés. M’étant lancée seule et n’ayant, bien entendu, pas toutes les compétences nécessaires pour tout gérer, il est clair que si je n’avais pas été accompagnée par la CCI, j’aurais été perdue.

J’ai également participé à une dizaine d’ateliers et de conférences proposés par Les Digiteurs, l’offre numérique de la CCI. Ce qui m’a notamment permis de créer mon site internet toute seule et d’apprendre à utiliser et gérer les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, où en êtes-vous ?

La distribution de mes produits s’est élargie et je vends aux particuliers et aux entreprises via un réseau de boutiques et de plateformes digitales. En mars 2020, lors du premier confinement, la plupart de mes projets en B to B ont été mis en suspens. Mais j’ai eu la chance de pouvoir collaborer avec l’enseigne Monoprix et de développer avec elle une gamme co-brandée qui a été vendue en magasin fin 2020, ce qui m’a aidée à relancer l’activité, malgré le Covid.

Même si l’emballage cadeau est un produit émotionnel, régressif et qui donne le sourire, cela reste un produit non indispensable, donc l’un des premiers budgets coupés lors d’une crise. Aujourd’hui, après deux bonnes premières années, l’explosion du prix des matières premières et de l’énergie est une nouvelle épreuve à surmonter. Mais on trouve des solutions et on s’adapte : c’est aussi ça l’entrepreneuriat !

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