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Environnement

Redonner une seconde vie aux déchets alimentaires - Interview de Jean Moreau, président de PHENIX

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PHENIX a fait de la lutte contre le gaspillage alimentaire et de la valorisation des déchets son credo à travers des solutions dédiées pour le grand public, les entreprises, les collectivités et les associations caritatives. Rencontre avec Jean Moreau, le président et co-fondateur de cette entreprise qui emploie aujourd’hui une centaine de personnes en France.

Vous avez travaillé au sein d’un grand cabinet financier américain avant de créer PHENIX. Qu’est-ce qui vous a poussé à changer radicalement de cap ?

J’avais un peu le sentiment de tourner en rond dans mon travail. Je souhaitais suivre une trajectoire un peu plus originale et avoir un parcours qui soit moins linéaire, mais aussi plus excitant et plus risqué. Je voulais aussi m’investir dans une activité porteuse de sens et de vraies valeurs, me mobiliser sur un projet qui soit beaucoup plus enrichissant sur le plan personnel et professionnel.

Si l’on devait résumer l’activité de PHENIX en quelques mots…

Notre métier, c’est de donner une seconde vie aux invendus alimentaires, de réveiller le potentiel de ces articles et de faire en sorte que de plus en plus de magasins tendent vers le « zéro déchet ».

Autrefois, on prenait les invendus, on les mettait directement à la poubelle pour les envoyer par camion vers un centre de tri, puis une décharge ou un incinérateur. En essayant de redonner au déchet ses lettres de noblesse, de remettre du bon sens au cœur du système, nous offrons aux distributeurs une autre alternative.

Comment fonctionne l’entreprise ?

PHENIX accompagne les magasins et les industriels à travers plusieurs solutions. Tout d’abord, nous avons développé une solution BtoC qui permet à des commerçants de pouvoir écouler une partie de leurs stocks d’invendus alimentaires à J-3 ou J-2 avant la date de péremption via une application mobile grand public. Grâce à cette application, les consommateurs peuvent localiser, réserver et payer en ligne des articles à prix cassé qui se trouvent à proximité de chez eux, puis les récupérer en magasin.

PHENIX, c’est aussi une place de marché en ligne, une sorte de « Ventes privées » ou de « Meetic » de l’invendu qui permet de connecter des magasins qui souhaitent faire des dons alimentaires (Leclerc, Super U, Carrefour…) avec des associations caritatives locales (Resto du Cœur, Croix Rouge, Emmaüs…).

Notre offre permet également aux entreprises de se débarrasser de leurs stocks ultimes en les proposant par exemple à des fermes, des centres équestres, des zoos ou des chenils pour nourrir des animaux. La logique, c’est qu’il vaut mieux que ces fruits et légumes en fin de vie nourrissent des animaux plutôt qu’un incinérateur ou une décharge !

Comment avez-vous réussi à convaincre les distributeurs ?

Cela n’a pas été simple au départ. Nous étions deux entrepreneurs sortant de nulle part avec une marque sans aucune notoriété. Le plus dur a été de trouver le premier magasin qui accepte de s’engager dans une telle démarche. C’est un centre Leclerc à Rueil-Malmaison qui, le premier, nous a fait confiance.

Très vite, d’autres enseignes ont suivi, comme Franprix ou Carrefour, avec lesquelles nous avons noué un partenariat. Ces références nous ont tout de suite rendus plus crédibles et les distributeurs nous regardent aujourd’hui avec beaucoup plus d’intérêt qu’au moment de notre lancement.

L’environnement fiscal et réglementaire est aussi beaucoup plus incitatif à présent… 

Plus globalement, le grand public en France est aujourd’hui très sensibilisé à la question du gaspillage alimentaire. C’est un sujet qui est entré dans les mœurs et le succès de notre application est à cet égard très significatif. La fiscalité est aussi très avantageuse pour les entreprises dans ce domaine. Si un supermarché donne par exemple 1 000 euros de produits via PHENIX à une association caritative, il peut récupérer 600 € en réduction d’impôts.

Même si les montants sont plafonnés à 0,5 % du CA, l’entreprise est gagnante sur les deux tableaux, puisqu’elle s’évite des frais de destruction tout en bénéficiant d’une fiscalité avantageuse. Par ailleurs, depuis la loi de 2016 sur le gaspillage alimentaire, un magasin qui détruit des produits non périmés peut écoper jusqu’à 3 750 € d’amende !

Aujourd’hui, on ne parle plus de PHENIX comme d’une startup mais d’une scale-up. Comment s’organise votre développement ?

Nous avons démarré notre activité il y a 5 ans sur Paris. Puis très vite, nous avons voulu essaimer en région, à Toulouse et à Rennes tout d’abord. L’idée étant de démontrer que notre métier n’était pas juste un concept limité à un marché très parisien et qu’il pouvait très bien fonctionner dans toute la France. PHENIX est aujourd’hui implantée sur 20 sites en France, ce qui nous permet de nous appuyer sur un maillage local très dense.

Vous avez également des ambitions à l’international…

C’est effectivement un relais de croissance très important pour nous. Nous avons déjà ouvert des antennes en Espagne, au Portugal, en Suisse, en Belgique et au Luxembourg. Lorsque nous serons bien rodés dans ces pays, nous envisagerons également de nous implanter sur des marchés plus importants comme l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Vous êtes aussi un entrepreneur particulièrement actif au sein de l’incubateur social Antropia ESSEC...

Ancien diplômé de l’ESSEC, j’avais envie de rendre en quelque sorte à l’école ce qu’elle m’avait apporté par le passé et de rester en contact avec son réseau. J’ai été très bien accompagné dans mon parcours d’entrepreneur par des mentors et des coachs. J’ai particulièrement apprécié de pouvoir échanger avec ces personnes qui, de par leur expérience d’entrepreneur, avaient une vraie crédibilité.

Je suis donc très heureux de pouvoir partager à mon tour mon expérience avec des créateurs et de soutenir, en tant que mentor, des projets entrepreneuriaux qui ont un impact positif sur le plan environnemental, social ou sociétal.

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