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Création d'entreprise

Une entrepreneuse engagée dans l’économie sociale et solidaire !

Févier d'Or Févier d'Or

Nadine Abondo a créé l’entreprise Févier d’Or à Saint-Ouen-L'Aumône, une chocolaterie qui couvre tout le processus de fabrication, de la culture du cacao jusqu'au produit fini. Mais ce n’est pas tout ! Févier d’Or est aussi une entreprise adaptée de 17 salariés qui emploie 15 personnes en situation de handicap. Un parcours qui n’a pas été un long fleuve tranquille !

Comment est née l’idée de Févier d’or ?

J’ai un parcours très atypique. Diplômée en ingénierie sociale et en intervention médico-sociale, j’ai travaillé pendant plus de 10 ans à la Fédération des maladies orphelines à Paris. J’ai ensuite dirigé un ESAT et deux foyers d’hébergement pour personnes en situation de handicap. Ce qui ne me destinait, a priori, pas à l’entrepreneuriat !

Févier d'Or

Convaincue qu’il faut un travail pour être autonome et constatant que le marché des ESAT était saturé car nous intervenions quasiment tous dans les mêmes activités (conditionnement, espaces verts, blanchisserie…), j’ai souhaité ouvrir d'autres opportunités. Pour que les personnes handicapées intègrent réellement le monde du travail et développent de nouvelles compétences, j’ai décidé de créer mon entreprise avec l’objectif de leur permettre d’avoir un statut de salarié et un vrai contrat de travail. Ce qu’ils n’ont pas en ESAT car ils sont considérés comme des « bénéficiaires ».

Quant au cacao, c’est toute mon histoire ! Le chocolat a été comme une illumination pour moi. Etant fille et petite-fille de cultivateurs de cacao, je suis moi-même devenue cultivatrice.

Quelles sont les particularités de votre chocolaterie ?

Créée en août 2018, Févier d’Or est une entreprise adaptée et une ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale) qui favorise l’emploi local des personnes en situation de handicap –plus de 90 % de notre effectif. Etre une entreprise de droit commun avec une exigence de qualité et du personnel en situation de handicap est un véritable challenge qui n’est pas toujours évident !

Nous maîtrisons tout le processus de fabrication du chocolat, de la culture du cacao au Cameroun jusqu'au produit fini, sans intermédiaire. Ayant connu les difficultés rencontrées par mon père, cultivateur de cacao, qui était contraint d’avoir une activité secondaire pour joindre les deux bouts, nous sommes engagés auprès de petits producteurs camerounais afin qu’ils puissent vivre de leur seule richesse qu’est la terre. Nous les rémunérons à un prix au-dessus du cours du cacao, ce qui permet à des centaines de familles de vivre décemment de leur travail.

Grâce à notre coopérative, qui regroupe 150 petits producteurs au Cameroun, nous offrons aux consommateurs un produit tracé le plus naturel et authentique possible. Je suis fière de faire du « Tree To Bar » (de l’arbre à la tablette). Mon mari, lui aussi cultivateur de cacao à l’origine, s’est reconverti pour devenir chocolatier. Nous travaillons le chocolat comme du vin et vendons des chocolats de toutes sortes, au caramel, à la fleur de sel, au piment d’Espelette... Nous faisons également voyager les consommateurs avec nos tablettes au baobab, au yuzu, au poivre de Penja, à la fleur d’hibiscus…

A quelles difficultés vous êtes-vous heurtée au démarrage ?

Il faut déjà dire que j’ai cumulé beaucoup d’a priori : sur le handicap, la diversité, l’entrepreneuriat des femmes… Parmi les difficultés que j’ai rencontrées, le manque de financement a vraiment été criant. Pour y remédier, je suis passée par des concours. Lauréate du programme Les Audacieuses porté par La Ruche en janvier 2018, j’ai finalement obtenu un financement, mais les fonds n’ont été débloqués qu’en décembre 2018, soit six mois après !

Ce décalage a été le début d’un long calvaire. Nous avons loupé Noël, la seule période de l’année pendant laquelle je devais faire un chiffre d’affaires car nous n’avions pas de boutique. Pendant cette première année, j’avais donc des charges, car j’avais déjà pris les locaux et formé les équipes, mais sans aucune recette.

Heureusement, mon maître-mot est la résilience : ne jamais renoncer, ne jamais rien lâcher ! Même si ensuite, dès le premier Noël, j’ai dû affronter les grèves des gilets jaunes, puis la crise sanitaire qui a entraîné des retards de livraison des emballages, une pénurie de papier et maintenant l’inflation... Ayant un personnel « fragile », chaque impact extérieur nous affecte d’autant plus. Mais au final, j’ai réussi à maintenir tous les emplois et même à en créer !

Par qui avez-vous été soutenue ?

Nous avons reçu le soutien de plusieurs acteurs. Grâce à la CCI Val-d’Oise, à la CMA 95 et à Hammerson, nous bénéficions depuis février d’une boutique éphémère au sein du centre commercial Les Trois Fontaines à Cergy, dont je tiens également à remercier les dirigeants. Pouvant compter sur de nombreux passages, nous organisons des ateliers pour les enfants et faisons goûter nos chocolats. Un partenariat est également en cours de négociation avec le centre commercial Cora avec lequel la CCI nous a aussi mis en relation.

Grâce au soutien du Département et, plus particulièrement, de la CCI et du CEEVO (Comité d’expansion économique du Val-d’Oise) qui nous ont porté et continuent encore, nous avons pu participer au salon du Made in France et rencontrer de potentiels clients. Févier d'Or est également labellisé #Madein95.

En 2021, nous avons aussi bénéficié du fonds de résilience qui nous a permis de repartir après la crise sanitaire. Et en 2022, nous avons reçu un fonds de revitalisation de 12 500 € grâce à la CCI, ce qui nous a permis d’acheter une machine pour décortiquer les fèves de cacao. Résultat ? Nous pouvons gérer 50 kg par heure, contre 10 kg par jour lorsque nous le faisions manuellement. Nous avons changé d’échelle !

Vous avez suivi des programmes d’accompagnement de la CCI Val-d'Oise ?

En 2019, j’ai intégré le programme Plato Jeunes entreprises. Un accompagnement sur 9 mois qui nous a permis d’avancer sur plusieurs problématiques RH et de structurer notre développement commercial. Ce dispositif mixte des séances de travail mensuelles animées par des experts et des temps d’échanges avec les membres du groupe, de jeunes dirigeants d’entreprises implantées dans le Val-d’Oise. Une dynamique réseau très enrichissante !

Nous avons également bénéficié de l’Appli Rebond en 2021, un programme pour aider les entreprises à rebondir suite à la crise sanitaire. Nous étions une quinzaine d’entrepreneurs réunis chaque mois sur des problématiques que nous avions définies ensemble. Des experts étaient mobilisés pour nous apporter méthodologie et solutions concrètes en fonction de nos priorités. Il y a des moments où l’on se sent vraiment seul lorsque l’on entreprend face à tout ce qu’il faut surmonter : pouvoir s’accrocher à des mains tendues s’avère particulièrement bénéfique.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Nous sommes en train de nous agrandir : nous allons passer d’un local de 300 m² à 700 m². L’idée est de créer un véritable espace pour les entreprises en team building. Nous réalisons 70 % de notre activité en BtoB, même si l’activité BtoC augmente progressivement. Notre atelier n’étant qu’un atelier de production implanté en zone d’activité, nous n’avons pas de passage, ce qui nous fait défaut aujourd’hui.

Pour nous développer, nous souhaitons donc ouvrir des boutiques. Et à terme, essaimer notre modèle de chocolatier engagé, employant des personnes en situation de handicap et créant des richesses sur un territoire, tout en garantissant aux petits producteurs de quoi vivre.

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