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Relever les défis du verdissement de l’industrie

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À l’heure de l’urgence climatique, le verdissement de l’industrie revêt une importance cruciale pour atteindre les objectifs de neutralité carbone de la France à l’horizon 2050. Cependant, cette transformation structurelle doit s’opérer sous de multiples contraintes qui se sont singulièrement durcies depuis quelques mois. Compte tenu des enjeux, la transition vers une industrie plus verte est un processus qui requiert la mobilisation de tous les acteurs afin de relever les défis majeurs que pose cette mutation.

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Le verdissement de l’industrie dans un contexte de fortes contraintes

Le contexte économique et géopolitique actuel et ses incertitudes mettent à rude épreuve l’ambition de réindustrialisation en France comme ailleurs en Europe. En effet, les entreprises industrielles doivent désormais composer avec des contraintes qui se sont singulièrement durcies ces derniers mois, mettant en péril leur compétitivité, voire leur survie à moyen et long terme.

Ainsi, l’année 2022 a été marquée par un choc énergétique rappelant par son ampleur celui de 1973. Si les prémices de la crise énergétique remontent en réalité au rebond post-Covid, l’onde de choc du conflit russo-ukrainien a mis en évidence les vulnérabilités conjoncturelles et structurelles du modèle énergétique européen.

Outre la contrainte énergétique, les industries françaises et européennes sont confrontées aux effets protectionnistes des stratégies industrielles américaine et chinoise. Aux États-Unis, l’Inflation Reduction Act ou IRA, adopté à l’été 2022, agit, par le biais de subventions massives, comme un « appel d’air » qui risque d’aspirer les investissements dans les filières vertes, au détriment de l’Europe.

Par ailleurs, les entreprises industrielles doivent également faire face à un resserrement des contraintes réglementaires avec la multiplication des normes liées aux objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’instauration du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE (MACF).

Dans ce contexte, les initiatives pour accélérer le verdissement de notre industrie doivent être amplifiées. C’est l’ambition affichée par la récente loi « industrie verte » qui vise à « faire de la France un leader des technologies vertes en Europe ». Pour les CCI, il convient d’élargir le champ des possibles et d’explorer des pistes complémentaires pour relever les défis de cette transformation.

Verdissement industrie

 

 

Optimiser l’implantation de l’industrie dans les territoires

Le premier défi à relever est celui de la libéralisation du foncier et de l’accélération des processus d’implantation des activités industrielles. Si la loi relative à l’industrie verte comporte un ensemble de mesures favorables en matière d’urbanisme et d’aménagement dans un contexte de sobriété foncière et de « zéro artificialisation nette » des sols à l’horizon 2050, des mesures complémentaires peuvent être proposées pour aller plus loin. Il pourrait ainsi être envisagé d’introduire la transcription des objectifs de renouveau industriel dans les SCOT et PLU ou de recourir davantage au bonus de constructibilité en faveur de projets situés dans des friches. La simplification des procédures pourraient également être approfondie en étendant, par exemple, les procédures intégrées à des projets industriels d’intérêt interrégional, régional, intercommunal et local, en généralisant le certificat de projet à tous les projets conduits dans le cadre d’une zone d’activité économique (ZAE) sans qu’ils doivent être intégralement situés dans une friche ou en élargissant la dispense d’autorisation d’exploitation commerciale à des opérations d’aménagement impliquant la transformation de ZAE comme des zones d’aménagement concerté (ZAC), des opérations d’intérêt national (OIN) ou des opérations de revitalisation de territoire (ORT).

Le verdissement de l’industrie face au défi du financement

La question du financement est au cœur des enjeux de la transition verte. Afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050, la France doit intensifier les efforts pour transformer plus rapidement et plus profondément tous les secteurs qui contribuent aux émissions de GES.

Compte tenu de l’importance des investissements nécessaires pour verdir notre industrie, il apparaît indispensable de mieux orienter l’épargne privée vers le financement des investissements productifs verts, à travers des incitations fiscales repensées.

Dans la même optique, le développement d’instruments de long terme tels que les obligations vertes et les prêts participatifs verts pourrait mieux répondre aux besoins de financements plus « patients » qu’impliquent les projets de verdissement dont le coût est généralement supérieur au bénéfice à court terme.

Enfin, compte tenu de l’ampleur des investissements requis pour réussir la transition verte, il sera nécessaire d’explorer d’autres voies pour trouver des sources de financement alternatif. La nature du défi climatique impose de changer d’échelle et d’envisager le niveau européen comme étant l’échelon le plus pertinent pour répondre efficacement et collectivement aux besoins massifs de financement de cette nouvelle révolution industrielle.

Le capital humain au cœur de la réindustrialisation verte

En France, la dynamique de réindustrialisation reste bridée en partie par une pénurie généralisée de compétences dans les territoires, les difficultés de recrutement ayant atteint en 2022 un niveau historiquement élevé.

De ce fait, la question du verdissement de l’industrie et du développement des nouvelles filières vertes est aujourd’hui indissociable de celle de la disponibilité des compétences adéquates pour accompagner et réussir cette transformation au niveau local. La montée en puissance des compétences vertes ou green skills constitue en effet un enjeu majeur pour les années à venir et les entreprises doivent investir davantage dans leur capital humain pour s’approprier ces compétences indispensables à leur verdissement.

Comme toutes les grandes transformations, le verdissement de l’industrie fait émerger de nouveaux métiers, par exemple pour concevoir et installer les nouveaux systèmes énergétiques, assurer leur maintenance, etc. Il faut donc renforcer la capacité de rebond et de reconversion des salariés vers les métiers d’avenir des industries vertes.

Par ailleurs, les difficultés structurelles que rencontrent les entreprises industrielles pour recruter et fidéliser les talents dont elles ont besoin soulignent en creux le manque d’attractivité des métiers de l’industrie, notamment auprès des jeunes générations. La dynamique de verdissement pourrait fournir une occasion historique de dépoussiérer l’image et les représentations qu’ont parfois les jeunes des entreprises industrielles. En capitalisant sur leur engagement et leur investissement en faveur de l’environnement, ces entreprises pourraient construire une marque employeur plus attractive.

Rapporteur : Annick Schwebig
Expert : Abderrahim Doulazmi

 

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Décembre 2023

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