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Développement de l'entreprise

L’entrepreneuriat est l’un des meilleurs vecteurs d’émancipation

Céline Lazorthes LEETCHI Céline Lazorthes LEETCHI

A 26 ans, elle ouvre sa première startup pour résoudre enfin le délicat casse-tête du cadeau d’anniversaire groupé. A 35 ans, l’ancienne étudiante d’HEC, devenue chef d’entreprise, est aujourd’hui à la tête d’une centaine de collaborateurs et d’un groupe international entièrement dédié au financement participatif et à l’économie collaborative. Rencontre avec Céline Lazorthes, fondatrice et dirigeante du groupe Leetchi.

Vous avez lancé avec succès, il y a 9 ans, le site de cagnotte en ligne Leetchi puis, quelques années plus tard, la solution de paiement MANGOPAY. Comment s’articule la stratégie de développement de ces deux activités ?

Ce sont des stratégies assez distinctes puisque nous nous adressons, d’un côté, principalement aux particuliers et au monde associatif et, de l’autre, aux entreprises. Leetchi est un service de cagnotte en ligne qui permet de collecter de l’argent à plusieurs pour des cadeaux d’anniversaire, un pot de départ, un évènement de solidarité… Pour développer ce service, nous avons été amenés à concevoir une solution de paiement spécifiquement adaptée à cet univers puisqu’il n’existait rien de tel à l’époque sur le marché.

En créant MANGOPAY, nous avons voulu capitaliser sur cette expérience en mettant cette solution à la disposition des entreprises du crowdfunding, des places de marché et de l’économie collaborative. Nos deux activités connaissent toutes les deux une forte croissance, en particulier à l’international.
Leetchi, qui réalisera en 2018 plus de 200 millions de volume de cagnottes (dont ¼ de cagnottes solidaires), compte aujourd’hui plus de 10 millions de clients présents dans 150 pays. MANGOPAY est implanté dans 5 pays en Europe et réalise plus de 50 % de son CA à l’international. En 2017, nous avons réalisé 1 Md de transactions en volume et nous prévoyons de doubler ce chiffre cette année. Nous travaillons avec plus de 2 500 plateformes avec, par exemple, des clients comme La Ruche qui dit oui, Kisskissbankbank mais aussi La Redoute.

Votre rachat par le Groupe Crédit Mutuel Arkéa (CMA) est aussi un élément significatif de la montée en puissance de votre entreprise…

Notre objectif était de trouver un partenaire qui puisse nous offrir les moyens de nos ambitions à la fois en nous donnant du temps long, du cash, des moyens, de la visibilité et de la réassurance, tout en ayant la possibilité de continuer à piloter l’entreprise de façon totalement autonome et indépendante.
Leetchi et MANGOPAY ont d’ailleurs gardé la même équipe dirigeante que depuis leur création. Cette relation est une vraie réussite puisque nous continuons à développer l’entreprise avec nos convictions, tout en profitant de l’apport du groupe CMA qui dispose d’un savoir-faire dans le domaine bancaire qui est un métier nouveau pour nous et pour lequel nous avons besoin d’aide et de conseil. Cette appartenance à un grand groupe bancaire nous apporte également plus de crédibilité vis-à-vis de certains de nos partenaires.

Le crowdfunding n’est-il pas en train de devenir un outil de financement incontournable pour se lancer dans la création d’entreprise ?

Ce n’est pas forcément une étape obligatoire mais c’est, en tout cas, une très belle façon de trouver des financements et de pré-tester son offre auprès d’une première communauté d’utilisateurs qui vont contribuer à faire évoluer son service ou son produit. Donc, je trouve cela très vertueux.

Entreprendre au féminin, cela représente encore, selon vous, un vrai défi ?

J’essaie, à ma petite échelle, d’encourager les femmes à entreprendre. C’est une merveilleuse source d’émancipation, d’apprentissage et aussi de bonheur.
Avant l’ère du digital, il fallait souvent des moyens financiers importants, de la connaissance, du savoir et probablement un appui familial pour lancer une entreprise. Le numérique demande moins de moyens. Cela met en quelque sorte chacun sur un pied d’égalité puisque ce qui va être, au départ, le moteur de l’entrepreneuriat, c’est bien plus l’enthousiasme et le temps de travail consacré au projet, que l’argent que l’on va mettre dedans. C’est donc une chance, non pas seulement pour les femmes mais aussi, plus globalement, une opportunité pour des personnes issues d’horizons divers de pouvoir accéder plus facilement à la création d’entreprise.

Leetchi est née sur les bancs d’HEC. Que retirez-vous de cette expérience et de votre parcours au sein de cet établissement de la CCI Paris Île-de-France ?

Mon passage à HEC a joué un rôle moteur dans la création de mon entreprise. J’avais suivi auparavant un Master en gestion de projet informatique, donc un parcours plutôt technique et je n’avais aucun savoir-faire commercial, financier ou marketing. Tout cela, je l’ai appris à HEC. Cela m’a donné non seulement des compétences mais aussi un accès à un réseau extraordinaire. On rencontre pas mal d’entrepreneurs au cours de notre formation.
J’ai notamment le souvenir d’une conférence passionnante de la fondatrice de Mille mercis à laquelle je pouvais m’identifier. Je me suis dit en moi-même : si cette femme l’a fait, pourquoi pas moi ! C’est d’ailleurs l’un des points importants de la pédagogie de cette Grande école : apprendre à prendre confiance en soi, se dire que l’on est capable et que l’on peut le faire. Je me suis sentie également dans un écosystème favorable à l’entrepreneuriat. L’incubateur HEC m’a permis de me lancer. J’ai aussi été très entourée par tous mes professeurs lors de la préparation de mon projet.

En l’espace de trois ans, votre entreprise a doublé le nombre de ses effectifs, passant de 40 à 100 salariés. Quelle est votre approche en matière de recrutement et de management ?

Ce qui prime pour nous, avant même les compétences, c’est d’abord et avant tout l’état d’esprit de nos collaborateurs, leur agilité et leur faculté de réaction face à des situations nouvelles. Nous avons plus de 20 nationalités différentes parmi nos salariés, des gens venus de tous les univers. Nous recrutons également des jeunes en apprentissage. Cela nous permet de travailler sur des projets avec une vraie diversité d’approches. C’est un atout en matière d’innovation.

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