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Tiers-lieux en Ile-de-France

Quels usages pour les entreprises franciliennes ?

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Ce n’est certes pas encore une lame de fond mais force est de constater que depuis quelques années, les tiers-lieux se développent. Les facteurs en sont nombreux.

Il y a eu les crises successives et la disruption de l’économie : des bouleversements aux lourds retentissements parmi lesquels la difficulté pour les entreprises à prévoir les m² qui seront nécessaires à leurs activités à l’avenir. Il y a également l’essor de l’entrepreneuriat. Beaucoup d'actifs privilégient désormais le travail indépendant au salariat. Il y a enfin la « guerre des talents » que se livrent les entreprises, qu'elles soient du CAC 40 ou start-ups, pour recruter et conserver certains profils très pointus.

Mais que faut-il entendre par tiers-lieux ? Comment s’organisent-ils et quelles sont les prestations qu’ils proposent ? Quels sont les besoins des entreprises utilisatrices et comment si nécessaire mieux faire coïncider ces besoins avec l’offre existante ?

Cette étude est téléchargeable au format pdf en bas de page

Que faut-il entendre par « Tiers-lieux » ?

« Des lieux qui ne relèvent ni du domicile, ni du travail. Des lieux hybrides qui se situent entre l’espace public et l’espace privé, contribuant ainsi au développement économique et à l’activation des ressources locales »

Ray Oldenburg, sociologue, « The Great Good Place », 1989

Le terme tiers-lieux correspond à un phénomène récent, directement importé des États-Unis. Il recouvre de multiples réalités. Pas facile dans ces conditions de s’accorder sur une définition unique.

Ce qu’il faut alors regarder, ce sont les caractéristiques communes, celles qu’on retrouve dans l’immense majorité des tiers-lieux :

  • Des espaces plutôt ouverts (certains sont ouverts au public, d’autres sont privés)
  • Des espaces accueillant des individus issus de diverses organisations
  • Des espaces qui vont être partagés par ces individus, de même que sont partagés des outils ou services mis en commun
  • Des espaces qui mettent en œuvre des actions destinées à animer une communauté

La CCI Paris Ile-de-France a choisi d’étudier les tiers-lieux susceptibles d’être utilisés par des entreprises. Autrement dit ceux parfois qualifiés de tiers-lieux d’activité ou tiers-lieux de travail. On y trouve des pépinières, incubateurs, hôtels d’entreprise, etc., c’est-à-dire les structures qui accueillent et accompagnent les entreprises en création.

On y trouve également les espaces de bureaux flexibles, destinés à accueillir des entreprises ou des salariés en télétravail, par exemple des espaces de coworking, des centres d’affaires, etc.

On y trouve enfin des tiers-lieux dits de production (ateliers partagés, manufactures de proximité) où des professionnels (artisans, designers, etc.) partagent des outils de production.

En Ile-de-France : un fort développement des tiers-lieux depuis 10 ans

Il existe de nombreuses études sur la situation des tiers-lieux en Ile-de-France. Comme elles ne prennent pas toutes en compte les mêmes référentiels (uniquement coworking ou non, périmètre géographique…), le tour d’horizon des implantations dans la région diffère. Toutes s’accordent cependant à dire que l’augmentation des tiers-lieux en Ile-de-France est spectaculaire : elle dépasse les 140 % en 4 ans pour les seuls coworking ! (source : Institut Paris Region)

hausse coworking
 

Une seule exception à cette tendance fortement haussière : les tiers-lieux de production accueillant des entreprises et adaptés à leurs besoins. Non seulement leur nombre ne décolle pas mais encore sont-ils largement insuffisants. Or leur absence est clairement préjudiciable, des professionnels manquant ainsi de lieux propres à leur développement.

Par ailleurs, les tiers-lieux portent en eux une véritable vocation d’aménagement du territoire et de développement économique. C’est une des raisons pour lesquelles les politiques nationales les ont favorisés.

Au fur et à mesure que les collectivités territoriales ont gagné des compétences dans le développement économique à travers la création d’intercommunalité et le renforcement des pouvoirs des régions, elles ont vu dans les tiers-lieux un outil à investir pour incarner ces nouvelles compétences, améliorer l’image du territoire pour les entreprises, dynamiser ou redynamiser l’économie locale, un Quartier politique de la ville (QPV), une friche industrielle ou une zone d’activité économique (ZAE), stimuler la création d’entreprises innovantes et, surtout, favoriser l’ancrage d’entreprises sur le territoire en facilitant leur parcours résidentiel.

Bien sûr, les acteurs privés sont également à l’origine de nombreux tiers-lieux. L’initiative privée est même fortement contributrice à l’émergence des tiers-lieux.

Qu’attendent les entreprises qui utilisent les tiers-lieux ?

« Pour les grandes entreprises, dans un contexte post-covid où un reconfinement ne peut être complètement exclu, il est tentant d’absorber des éventuels accroissements d’activité par l’occupation d’espaces flexibles permettant une résiliation à tout moment. »

Nordine JAFRI, membre élu de la CCI Paris Ile-de-France

Les entreprises qui recourent aux tiers-lieux attendent tout d’abord de la flexibilité :

  • Flexibilité spatiale : possibilité d’ajuster la surface occupée au gré des surcroits ou non d’activité
  • Flexibilité temporelle : possibilité pour les entreprise de ne pas s’engager pour du long terme, ce qui a un fort impact, notamment financier

Le deuxième avantage pour les entreprises utilisatrices de tiers-lieux est économique. La gestion de la question immobilière est déléguée à un opérateur, les espaces sont facturés à l’usage et les services et équipements mutualisés.

Les entreprises peuvent également attendre un bénéfice en termes de réseau social. C’est une troisième catégorie de besoins : les tiers-lieux offrent la convivialité mais sont aussi potentiellement porteurs de coopérations et de relations d’affaire entre entreprises utilisatrices. L’effet collaboratif semble au demeurant particulièrement développé dans les tiers-lieux de production.

Quatrième besoin : certaines entreprises occupantes de tiers-lieux peuvent y voir un atout pour recruter ou fidéliser certains profils de collaborateurs. Dans le même esprit RH, certaines en ont un usage spécifique et les proposent comme espace pour le télétravail et le nomadisme.

Enfin, et ce n’est pas la moindre des attentes, les tiers-lieux proposent souvent l’accompagnement et la formation des entreprises en création.

Le modèle économique des tiers-lieux : l’importance de la localisation

La géographie des tiers-lieux en Ile-de-France semble suivre celle des bureaux « classiques » et celles de l’économie numérique. En effet, la grande majorité des implantations est dans Paris et les Hauts-de-Seine.

Ceci s’explique principalement par les critères de localisation que sont l’accessibilité, la densité du bassin d’emploi, la vitalité locale, l’effet dit d’agglomération (proximité avec d’autres lieux comme universités et centres de recherche), le coût de l’immobilier…

Mais cela ne suffit pas à rendre le modèle économique des tiers-lieux parfaitement viable. S’ils sont insuffisamment fréquentés, l’opérateur risque d’être rapidement en déficit. D’où la fermeture de nombre d’espaces à la suite des confinements. L’opérateur doit donc maximiser son taux de remplissage et diversifier ses sources de revenu.

A noter que le critère de la localisation, déterminant dès lors que l’opérateur est privé, est moins prégnant que pour les opérateurs publics. Il reste néanmoins fondamental, ne serait-ce que parce que les subventions et aides n’ont pas vocation à être pérennes.

Une fois la fonction et le rôle des tiers-lieux dans l’économie francilienne mieux appréhendés, plusieurs leviers peuvent être dégagés pour accroître leur contribution au développement économique du territoire. Et ce sans jamais perdre du vue les besoins des entreprises utilisatrices, ni les contraintes en termes de modèle économique qui pèsent sur les opérateurs.

Idée

Propositions :

Comment améliorer la lisibilité, la pérennité et la dimension production de l'offre de tiers-lieux en Ile-de-France

La CCI Paris Ile-de-France formule ainsi 10 propositions concrètes (détail dans document téléchargeable en bas de page), articulées en 4 grands objectifs :

  1.  Améliorer la lisibilité des différentes offres et modèles de tiers-lieux pour les utilisateurs
  2.  Renforcer la pérennité des modèles économiques des tiers-lieux situés dans les zones de moindre densité
  3.  Développer l’offre de tiers-lieux de production adaptée aux besoins des artisans, start-ups, TPE industrielles en Ile-de-France
  4.  Soutenir le développement du télétravail en tiers-lieux en Ile-de-France

 

Podcast

Ecoutez le podcast sur les tiers-lieux


Emmanuel Bacholle, expert CCI Paris Ile-de-France explique les enjeux du développement des tiers-lieux pour les entreprises franciliennes

 

Rapporteur : Nordine JAFRI
Expert : Emmanuel BACHOLLE

Juin 2022

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